INNOVATIONS ECOLOGIE

Les Magiciens de l’eau : le projet IHYA

Quatre milliards d’êtres humains manquent d’eau. C’est en pensant à eux que Karim Osman et ses amis ont mené le projet IHYA, une machine de production d’eau potable à faible coût, écologique et accessible en open source. Un défi technique doublé d’une aventure humaine et solidaire.

Karim Osman tient peut-être dans ses mains une solution à la raréfaction de l’eau douce qui empoisonne le quotidien de quatre milliard d’habitants sur la planète. Lui et un noyau de passionnés sont à l’origine du projet IHYA (Improve Hydraulics Yields in Agriculture), une machine de production d’eau potable grâce à une désalinisation de la ressource puisée dans les océans.
« Plusieurs pays en pénurie hydrique ont construit sur leurs littoraux des usines de dessalement à grande échelle mais qui sont coûteuses, fonctionnent avec de l’énergie fossile et sont hors de portée des populations qui en ont besoin », explique Karim, gennevillois et ingénieur à la société GRT Gaz, rue Jean-Pierre-Timbaud.
Par ailleurs, d’autres équipements, plus modestes et moins chers, n’ont pas un rendement suffisant.
« Notre invention est une machine à faible coût, compacte, facile à utiliser et écologique », ajoute ce fer de lance de 29 ans, diplômé de l’école des Mines. « Le système fait appel à un collecteur solaire, une minipompe, et un système de cascade d’eau avec un différentiel thermique », précise-t-il. L’IHYA produit une centaine de litres d’eau potable par jour, de quoi satisfaire les besoins généraux d’un foyer.

De l’eau douce… pour moins de 300 euros Le prototype 001 ressemble à un assemblage hétéroclite de quelques dizaines de centimètres de haut. Ses différents éléments sont reliés par une batterie de tuyaux en plastique achetés dans les grandes surfaces de bricolage. La machine d’avant-série sera construite avec des matériaux plus « nobles » mais l’objectif ne varie pas : produire chaque kit dont le coût de revient ne doit pas excéder 300 euros, le mettant ainsi à portée des agriculteurs, particuliers, ONG, fondations, etc. L’appât du gain n’est vraiment pas le moteur de nos Géo Trouvetou. « Toutes les données sont en open source et donc, libre à ceux qui voudront améliorer notre machine de le faire. » Sur le plan pécuniaire, le collectif ne roule pas sur l’or, même bleu !, et recourt au financement participatif sur la plateforme internet Leetchi. Et puis, il y a l’effet FacLab de Gennevilliers. « Nous avons bénéficié gratuitement des outils numériques nécessaires à la fabrication de notre prototype », explique Karim Osman avec reconnaissance. Il espère obtenir une validation industrielle en 2018, et trouver des partenaires pour démarrer la phase opérationnelle de promotion, de fabrication et de commercialisation. En attendant, on peut découvrir IHYA et rencontrer ses concepteurs le dimanche matin dans le jardin partagé au 77, boulevard Camélinat. La Ville y a prêté un local qui abrite l’invention. Elle aussi croit à la réussite de cette aventure technique, humaine et solidaire.

Pour plus d’informations : projet.ihya@gmail.com ou facebook.com/projet.IHYA