Intervention de Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers.
Mesdames, Messieurs,
Au nom de la Municipalité, d’Elsa Faucillon, députée, Anne-Laure Perez, première adjointe, Jacques Brunhes et Jacques Bourgoin, maires honoraires, et de tous les élu(e)s qui m’entourent, je vous souhaite une très belle année 2019, pour vous, vos proches, celles et ceux que vous aimez. Pour vos projets, pour nos actions communes.
L’an passé, je faisais remarquer que 2018 rimait avec 68, et ce fut le cas, les gilets jaunes ont permis de sentir un vent de révolte, un parfum de dignité. Un salutaire sursaut de la France populaire qui exige d’être respectée, qui refuse cette technocratie politique au service des plus riches, qui interroge les finalités de notre vie en société.
A quoi bon vivre en société, développer à l’échelle de la planète notre capacité à produire des richesses, si celles-ci n’augmentent pas l’indice de bonheur mondial et national, bonheur collectif et personnel ?
Jamais l’humanité n’aura créé autant de richesses dans son histoire et tout cela est noyé dans « dans les eaux glacées du calcul égoïste ».
Permettez-moi de partager avec vous cette réflexion du psychanalyste et psychologue Roland Gori : « Créer du commun, ce n’est pas se contenter de réguler et de réparer les injustices les plus criantes, ni même de se réapproprier ce que la technocratie a volé à la démocratie, ni encore de préserver les biens inaliénables menacés par les oligopoles des capitalismes successifs, mais c’est instaurer de nouvelles conditions politiques du vivre-ensemble». Roland Gori ajoute que cette mission « ne saurait être la tâche exclusive d’un Etat, (…) elle incombe au plus grand nombre et ne saurait procéder que de sa formation citoyenne et de son implication morale et politique.
Aux nouvelles conditions politiques du vivre-ensemble, j’ajouterai « nouvelle façon de vivre » car l’être humain, après l’invention de la bombe nucléaire, est confronté à nouveau à l’enjeu de sa propre survie face au défi climatique. Si rien n’est fait l’humanité peut disparaitre au siècle prochain et c’est maintenant que cela se décide.
A quoi bon faire des enfants, si on ne s’attelle pas à cette question ?
L’humanité ne doit pas opposer questions environnementales et questions sociales. L’humanité a les moyens de repenser son « mode de vie » en remettant en cause la consommation à tout va, le gâchis des ressources naturelles. Elle a les moyens de repenser les solidarités entre les peuples, le partage des richesses, le co-développement plutôt que la concurrence.
Vous le voyez, chacune et chacun d’entre nous a matière à réfléchir et à agir pour cette année.
Nous devons aborder ces enjeux avec optimisme. Aujourd’hui, je vois les jeunes organiser des maraudes, s’interroger sur le sens de leur travail, de la vie en société, contester non pas les valeurs de notre République mais leur non-application : liberté, égalité, fraternité, c’est plutôt sain pour revivifier notre société.
A notre modeste place, mais avec détermination, nous devons ici aussi participer et contribuer au changement. C’est notre tradition, c’est notre devoir. C’est notre audace à nous élu-es, à nous citoyennes et citoyens de notre commune. Et pas seulement parce nous sommes au centre du monde !
C’est notre pari sur l’intelligence collective pour inventer un nouvel art de vivre populaire au cœur de la Métropole du Grand Paris.
Quand tant de personnes souhaitent quitter la Métropole parce que la vie y est trop anonyme, trop stressante, trop éloignée de la nature, trop difficile, nous proposons de construire une ville qui respecte ses habitants, où les gens se connaissent et se respectent. Un espace de dignité pour toutes et tous.
Nous augmentons le nombre de plantation d’arbres, nous déminéralisons les trottoirs et places, végétalisons les nouvelles toitures pour lutter contre les îlots de chaleur. Il y a à Gennevilliers 17m² d’espaces verts publics par habitant contre une moyenne de 6,5 m² dans les villes du Territoire.
Dans notre ville populaire, la culture n’est pas un supplément d’âme, bien au contraire. Nous faisons tout pour que le rapport à la création, à la pratique comme à la diffusion d’œuvres culturelles ne soit pas réservé aux plus riches mais accessible à toutes et tous dans notre ville.
Permettez-moi de remercier les équipes du T2G, du conservatoire, de l’école d’art Manet, du cinéma Jean Vigo, des médiathèques, du Tamanoir, pour la qualité de leur travail en direction des jeunes et des moins jeunes de notre ville. Merci à toute la direction de la Culture.
Ces équipements ne sont pas seulement une chance pour notre ville, ce sont les fruits de choix faits par toutes les équipes municipales parce que dans notre tradition politique, la culture est un moyen d’émancipation, de compréhension et d’ouverture au monde.
Nous invitons les entreprises travaillant dans et avec notre ville à nous aider et participer à un grand évènement culturel métropolitain que nous construisons avec l’Académie des Banlieue.
En octobre-novembre, nous permettrons à tous les enfants de Gennevilliers et à leur famille, aux salariés de notre ville de visiter une exposition d’envergure Métropolitaine. De Chagall à Picasso, de Signac à Léger, de Kijno aux colliers d'Elsa Triolet, de Doisneau à Izis, de Di-Rosa à Matta, dessins, peintures, sculptures, tapisseries, céramiques, photographies, livres d'artiste seront présentés souvent pour la première fois à un large public car issues des fonds d’arts des communes de banlieue. Cette exposition permettra aussi de valoriser la banlieue trop souvent montrée négativement dans les médias.
En 2019, nous continuerons de défendre et promouvoir le logement social, le droit au logement, défendre le patrimoine social de l’OPH.
Dans la Métropole du Grand Paris, il y a 450 000 demandeurs de logements pour 45 000 logements qui se libèrent en moyenne chaque année. Cela donne une moyenne de 10 ans d’attente. C’est intolérable ! La Région, le Département, du même bord politique que les villes qui ne construisent pas de logements sociaux refusent de subventionner nos constructions. Leur égoïsme est responsable de la « mal vie » des mal logés, leur égoïsme est responsable de la prolifération des marchands de sommeil. Personne n’irait habiter dans ces maisons qui s’écroulent s’il y avait assez de logements sociaux et dans toutes les villes !
Contrairement aux autres villes, Gennevilliers continue à se développer et s’embellir, sans chasser personne. L’expérience départementale montre que couches populaires et couches moyennes ont les mêmes intérêts. Nous améliorons Gennevilliers d’abord pour les habitantes et les habitants tout en disant bienvenue à celles et ceux qui choisissent de venir vivre dans notre ville populaire.
A propos d’arrivées, permettez moi de saluer Monsieur Christophe Gradel, nouveau commissaire de police qui a pris ses fonction la semaine passée. Monsieur le commissaire, je vous souhaite la bienvenue.
Vous arrivez dans une ville qui bouge, une ville qui s’active pour améliorer la vie des gens.
Les prochains mois vont voir :
Je disais que nous voulons développer et améliorer notre ville sans chasser personne, permettez-moi de rajouter que ce développement se fera aussi en gardant notre vocation économique. Nous sommes une terre d’accueil des entreprises. C’est pourquoi nous avons plaidé et obtenu que dans le SCOT métropolitain nos zones d’activités économiques restent à vocation économique. Roland Castro a beau se répéter, nous ne le laisserons pas construire de logement dans le Port de Gennevilliers. Les 400 hectares du Port doivent rester un haut lieu de la logistique métropolitaine, un outil au service du développement économique et durable dans notre métropole. Nous plaidons pour une double vocation : la logistique sur les 400 hectares du Port, la production et la fabrique sur les 400 autres hectares d’activités économiques de la ville. A toutes celles et ceux qui a juste titre réfléchissent dernier Kilomètre en logistique, je dis réfléchissez aussi premier kilomètre en production.
Rester une ville populaire, c’est aussi protéger notre vocation économique, il faut que cesse l’éloignement des activités économiques de l’habitat. C’est un enjeu humain et environnemental. C’est une idée que nous défendons avec les autres collègues maires du territoire.
Bref, Mesdames et Messieurs les actrices et acteurs économiques de notre ville, vous avez fait le bon choix en vous installant ici, c’est une qualité de décision qui ne peut que se renforcer à l’avenir.
Permettez-moi, pour finir de remercier les directions d’entreprises, les directions des ressources humaines qui, conscientes des enjeux de notre territoire, agissent avec nous pour offrir des stages, des contrats d’alternances, du coaching, des emplois aux jeunes et moins jeunes de notre ville. Merci, vous avez pu vous installer ici car c’est avec la population que nous faisons le choix de ne pas livrer nos terrains à la spéculation immobilière. C’est aussi ici qu’il y a une jeunesse courageuse, généreuse, solidaire, qui mérite qu’on lui fasse confiance. Nous ne sommes pas nés avec une cuillère en argent dans la bouche, mais nous avons des têtes, des mains et des cœurs en or ! Je ne vais pas vous dire exploitez-nous, mais employez-nous !
Avec toute l’équipe municipale, je vous souhaite une très belle année 2019.